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Mozg

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                Cela faisait maintenant une course complète de soleil, que Mozg, le jeune mage avait commencé ce périple accompagné de son fidèle alezan noir. Au loin s’étendait la plaine d’Holcomb, paisible, verdoyante. Ses yeux d’un bleu perçant suivaient la vague ondulante des premiers blés. Le calme avant la tempête.

                 D’un rapide coup d’œil à l’intérieur de son poignet, le liquide jaune de son mana avait atteint la moitié de sa jauge. Il redoutait le combat à venir avec Korova la sorcière. Il serait décisif pour sa survie, celles des mages de la confrérie mais également venger la mort de son meilleur ami.

                  Le ciel, reflétant sa détermination, s’était paré de couleurs pourpres et oranges. De son jeune âge, de sa rapidité, et des combats gagnés avec intelligence, il avait été désigné pour reprendre le Draker. Cet élément de la taille d’une main, volé par la sorcière, s’avérait vital pour élaborer leurs manas de survie et de régénérescence.

                  Caressant de sa main gantée en peau de Veshes d’un geste songeur, son menton auréolé d’une barbe brune, il réfléchissait à la meilleure façon de s’infiltrer dans le temple de Rassoudok. Il devait surprendre Korova et récupérer le Draker avant qu’elle l’utilise pour créer son armée de morts-vivants. Le temps était compté.

                  C’est dans cet état de concentration qu’il entama sa descente vers la vallée en foulant le tapis de Polyphores noirs et commença la traversée du périlleux labyrinthe de roseaux brulants. Sentant l’appréhension de Flexibus son alezan, d’un geste, il lui effleura l’encolure et lui murmura des notes apaisantes. Pendant, qu’au-dessus de leur tête, un coléoptère bleu géant survolait les lieux à la recherche de son festin, un vent léger s’éleva. Ondula les grandes tiges de roseaux opales hérissées de chaque côté du parcours. Et dans une douce mélodie, tenta de les faire plier à leur passage. Tout écart, tout contact pourrait vous griller à vif.

                   Au loin, se profilait un autre danger. Le temple de Rassoudok livrait ses colonnes de granit gris à l’image de bras tentaculaires prêts à vous étouffer. Le cœur de Mozg pulsait près à exploser. Le ciel pourpre virait au noir. Il devait surprendre l’ennemi. Mais attention, quelques fois son impétuosité lui avait laissée des cicatrices au combat dont une grande balafre sur le torse. Il était passé à deux phalanges de la mort. Alors d’un œil prudent, il sonda lentement le bâtiment de petite dimension. Il capta de la chaleur thermique. Trois personnes bougeaient dans l’aile gauche. Certainement Korova et ses sbires. Elle était puissante dans son souvenir. Lui était aussi jeune que ses pouvoirs à l’époque où son ami mourut sous le feu lazérien de la traitresse. Cette cicatrice-là était omniprésente mais depuis il avait muri.

                  En embuscade derrière un granetier, il compta deux gardes, des hybrides d’homme-iguane, faisant leur tour de ronde chacun de leur côté. D’une féline souplesse, il se faufila derrière le premier et l’étêta. Sa peau de lézard se dégonfla dans un « Sluck » en tombant au sol. Du deuxième, son affaire fut vite réglée. L’espace libre et la nuit silencieuse, Mozg atterrit sur le toit. La vue d’ensemble lui permit de capter à quelques pas sous ses pieds la présence d’individus. Glissant le long d’une colonne lisse et froide, il pénétra à l’étage supérieur et atterrit dans un espace sombre. Un rai de lumière filtrait d’une porte entrouverte ainsi que l’écho d’une voix féminine.

-Dans quelques heures nous aurons assez de mana pour réveiller notre armée.

– Gluck !

-Mon fidèle Rajar. Dit-elle en lui caressant le cou.

-Gluck, gluck !

                  Mozg, depuis son abri, lança une sphère argentée qui éclata derrière Korova. Un nuage de fumée paralysante se propagea dans l’air. D’un bond, il passa à l’attaque. Sauta sur le « gluck-gluck » en lui brisant les cervicales. Elle, par contre, réussit à lancer une boule de feu sur le mage. Projeté contre un pilier il vit les trente-six chandelles. Il eut juste le temps de parer la deuxième attaque d’un écran de protection avant de finir grillé. Ils s’élancèrent et commença alors la valse des corps à corps. Les épées effilées s’entrechoquèrent de bruits et d’étincelles. De forces égales, les deux adversaires traquèrent leurs points faibles. Mêlant feu, fer et magie, la ronde des chairs voltigeaient, sautaient, roulaient et trébuchaient sous l’assaut des heurts. Blessé à la cuisse par une estafilade profonde, Mozg vit son mana prendre un seuil critique.

                   D’un rire hystérique, la sorcière-prêtresse projeta une foudre fulgurante qu’il esquiva en roulant sur le côté. Elle poussa un juron d’enfer. Le sol vibra. Sans perdre de temps le jeune mage traça un large moulinet, sa lame cingla l’air. D’une agile pirouette, il cogna droit sur elle. L’épée grinça bruyamment en croisant celle de Korova, qui violemment repoussée alla lui fendre le visage. Un tourbillon comme un ouragan, emporta son corps dans une énorme explosion. Mozg eut juste le temps de saisir le Draker avant d’être éjecté dans les airs.

                    Il atterrit bien sonné au pied du granetier. C’est là que son fidèle alezan vint à sa rencontre. Se hissant sur lui dans ultime effort, il s’effondra contre son cou. Sa barbe avait pris la couleur de la neige après ce lourd combat. Le Draker sauvé et serré contre son coeur, il avait sauvé la confrérie.

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