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FREEDOM FREEDOM

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FREEDOM, FREEDOM

Fin de soirée du 3 Avril 1968 Memphis – Tennessee – Etats-Unis

 

–Martin, ce soir ton discours était l’un des meilleurs. Tu as redonné espoir à nos frères noirs !

–Hum, je l’ai ressenti, Ralph ! Depuis le 12 mars début de la grève, j’ai pris conscience que naissait un certain découragement chez nos frères éboueurs ! Je me battrai avec eux pour gagner un meilleur salaire ! J’irai jusqu’au bout pour obtenir un traitement digne d’un être humain ! Sans violence, bien sûr !

–Oui ! Et la négociation doit également porter sur les données climatiques, fit Ralph serrant les poings d’un geste déterminé.

Dans la chambre aux murs neutres tapissés de beige du Motel Lorraine à Memphis,  Martin Luther King et son fidèle pasteur Ralph Abernathy, font le point après un discours prophétique au Mason Temple de Memphis.

–Demain nous allons faire pression sur ce point crucial ! Il est inconcevable d’être non-payé les jours où ils ne peuvent pas travailler à cause du climat. Les blancs le sont eux ! Mais surtout, surtout, surtout, j’insiste, je ne veux plus de violence ! J’ai appris qu’un jeune homme avait été tué ?

Martin Luther King remonte les manches de sa chemise immaculée en naviguant de long en large dans la pièce et secoue la tête de douleur.

–Oui ! Des émeutes ont éclaté autour de la marche pacifique et un homme est mort. On le déplore mais des groupuscules sèment la violence. On est tous désolés Martin.

–Tu me connais bien Ralph depuis le temps que nous parcourons les villes des Etats ! Ma mission qui m’a été inspirée cette mystique nuit de janvier 56, est de mener cet engagement contre la pauvreté, pour les communautés les plus défavorisées des Etats-Unis et surtout, de toutes ethnies confondues. Je le répète et le répèterais encore, mon combat, pour les droits civiques et la déségrégation, commencé depuis des années, doit être non violent en incitant la désobéissance civile.

Une réflexion, un silence s’installe entre les deux hommes. Chacun dans ses pensées, la nuit est depuis longtemps tombée.

–Soit prudent Martin ! J’ai eu une drôle d’appréhension ce soir lors de ton allocution.

–Ralph, « I’ve been to the mountaintop ».  Qu’est-ce qui pourrait m’arriver de la part d’un de nos frères blancs malades ! Ton doute transpire et je le ressens. Si je meurs ? Bien sûr j’aimerais vivre encore longtemps, mais je veux juste accomplir la volonté de Dieu !

Chacun se signe et part se coucher méditatif. Demain soir, un autre discours se profilera et la lutte continuera.

4 avril 1968 Motel Lorraine

 

–Martin, tu as lu la presse de ce matin ? On parle de toi. De l’homme, du Nobel de la Paix de 64 ! Mais aussi de tes discours ! J’ai fait un tour pour assurer la sécurité du Mason Temple. Et je ne te cache pas que les Hommes d’Hoover sont de la partie !

–Ne t’inquiètes pas Ralph, ils suivent tous mes faits et gestes depuis longtemps. Comme tu le sais, je suis fiché et cet Edgar Hoover n’aime pas beaucoup les prédicateurs ! Moi en particuliers, il me voit comme l’homme le plus dangereux pour la sécurité de l’Etat ! Rappelle-toi mon discours de 67 où j’ai affirmé que le pays était le plus grand pourvoyeur de violence au monde ! Cela a suscité le retrait de nos soutiens et sponsors. Critiquer « l’intérieur est une chose mais « l’extérieur du pays »  faut pas y toucher !

–Mais ils peuvent encore faire pression sur ta famille !

 Ralph sent une angoisse monter en lui au fur et à mesure que Martin Luther King reste calme et serein.

–Je sais que Coretta me comprend ! Je ne suis pas parfait et j’ai quelques fois dérogé à mon statut de Pasteur Baptiste !  Le charme de l’orateur ! Où est-ce la moustache ? Ah détends toi, Ralph ! Je suis un homme de Dieu, déterminé et résolu ! Même si j’ai reçu de fréquentes menaces de mort, des agressions et malgré ma vingtaine d’arrestations, je ne me laisserai pas intimider !

Et d’un geste de la main, il banalise le sujet.

–On a fini de rédiger le discours pour ce soir. On le revoit ensemble,  rajoute Ralph Abernathy en se passant la main dans ses cheveux, toujours inquiet.

–Oui examinons-le. Ensuite,  je vais rester seul pour méditer.

18 heures environ au Motel Lorraine

–J’ai besoin d’air ! le balcon me rappellera les nombreuses oraisons ! Le frais de la rambarde me saisit. L’air semble figé comme chargée d’électricité. Je vois Ben Branch en bas. Hey, Ben ! tu joueras « Take my Hand, Présious Lord » ce soir avec ton saxo !

–Pour ton plaisir, cher Martin !

Tout à coup,  un sifflement suivi d’une détonation résonne dans l’air. Un ombre disparait de l’autre côté de l’immeuble en face. Martin Luther King s’écroule la main contre son cou. Les pas précipités de son entourage venant d’une pièce voisine accourent pour le secourir. Inanimé, il sera transporté au St Joseph’s Hospital où il décèdera vers 19 heures 50.

I have a dream…

Freedom Freedom

                                                                                                                   — )  —

Oh Freedom! – The Golden Gospel Singers (Lyrics in Description) – YouTube

Sources Wikipédia, Réformes et The New Yorker.

Coretta Scott King – Femme de Martin Luther King

Ralph Abernathy – Pasteur et fidèle second

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