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A la conquête du marteau volé

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Sortant de mon domaine montagneux de Biskimir, au volant de mon 4×4 rouge flambant neuf, musique métal à fond la caisse, je roule vers mon atelier chez Asgard ’forge, retrouver le vital et précieux Mojöllmir : marteau médaillé de mes nombreux concours de forgeron. Je me nomme Thor et suis un maître dans ce métier et même le meilleur. Comme le dit souvent le vénérable Odin : il faut battre le fer lorsqu’il est encore chaud ! Et là j’ai envie d’en découdre ! Sourire en coin, je me gare près de la Lotus de ce « bouffon » de Loki mon coéquipier.

Je fais toujours de l’effet en arrivant, encore plus aujourd’hui vêtu de ma chemise rouge à carreaux dont mes muscles saillant en déforment les dessins ! Rire ! Tchéquant Loki d’un bref : « salut », je le vois subrepticement baisser la tête d’un regard fuyant, épaules rentrées, et sur la défensive.

– T’as pas l’air dans ton assiette ce matin ? lui dis-je en nouant ma ceinture de force.

– Si, si. Dit-il d’une petite voix.

Levant le bras pour attraper mon marteau, je découvre en lieu et place de celui-ci une lettre à mon nom. Haussant les sourcils d’étonnement, je lis :

-La main de Freyja en échange de ton marteau ! signé Thrym

Dans un cri de tonnerre, mon poing rageur s’abat avec violence sur le plateau envoyant valser les outils en l’air tels des éclairs avant l’orage.

-Loki ! lis ça, et trouve moi Freyja, vite !

-Aie !… Elle ne va pas être facile à convaincre !

Dans ma grande famille, Freyja, déesse par sa beauté, sa grandeur, ses soyeux cheveux d’or et ses abouts de charme, est la plus courtisée de toutes. Et ce benêt de Thrym, plutôt ce géant de deux mètres trente, se croit irrésistible avec ses exploits de basketteur et la veut à tout prix pour épouse ! Cette contrariété, ajoutée à l’odeur du feu et du métal chaud de la forge met mes « nerf en fusion » !

Le retour de Loki, les traits sombres et inquiets, est de mauvais augure.

-Alors, qu’est-ce qu’elle a dit ?

-Elle m’a ri au nez, puis a déversé sa colère en nous insultant de tous les « noms » !

Les poings serrés à m’en faire blanchir les phalanges, les traits crispés à en devenir rouge feu, j’étais prêt à fracasser ce qui me tombait sous la main : en l’occurrence Loki ! Levant rapidement le bras, il me dit :

-Calme toi, j’ai une combine de « ouf » ! ça ne va pas te plaire mais la ruse peut marcher et tu récupèreras ton Mojöllmir.

Et de ce fait, m’exposant son plan, je le vois se tasser au fur et à mesure que mon visage passe par toutes les couleurs de l’arc en ciel. Tout de suite mon refus est spontané, puis en y réfléchissant bien sa ruse tient la route. Lui exposant nôtre stratagème, Freyja accepte de contacter Thrym et la date de fiançailles fixée le jeudi suivant.

Attendue comme une déesse, parée de mon inséparable « Brisingar » collier brillant de mille éclats, je suis vêtue d’une sublime robe de tulle blanc et d’un très grand voilage suggérant les contours de mon visage. Un banquet de géant dressé devant moi et ma fidèle servante collée à mes basques, Thrym m’accueille à bras ouverts.

– Ma fiancée adorée… dit-il en resserrant son éteinte autour de ma taille. Je me tasse, rentre les épaules et lui recule de deux mètres en disant :

-Pouah… tu as versé trois tonnes de Chanel ou quoi !!!!

Muette et transie, les yeux des convives centrés sur moi, ma servante vient à mon secours :

-Elle a une extinction de voix ! Et pris froid pendant ce long voyage. Murmure-t-elle d’une voix mielleuse.

-Ah ! alors passons à table, les mets les plus fins ont été choisis en ton honneur ma déesse ! dit-il me prenant la main dans un regard langoureux. Serrant la sienne, ma vigueur le surprend. Dans un léger haussement de cils il dit :

-Tu as une force titanesque !

-C’est pour mieux te serrer dans mes bras ! susurre la servante.

Toute l’assemblée se tord de rire comme ce nigaud de fiancé. Les verres s’entrechoquent lançant le début des festivités. Serrant les dents, toute en retenue je scrute la salle cherchant ce fameux marteau volé ! Thrym me jette des coups d’œil douteux. Puis il s’écrit en me regardant « gloutonner » les mets succulents :

-Dis donc Freyja tu as un sacré coup de fourchette et une bonne descente !  Je reste toujours sans voix, alors ma servante intervient :

-C’est son empressement à donner sa main, elle a voyagé trois jours sans presque boire et manger ! J’acquiesce d’un hochement de tête. Ouf ! Le repas arrive à sa fin. Mon fiancé se perche vers moi et bienveillant me dit :

-Tes yeux sont aussi rouges que des éclairs, ça ne va pas ?

-C’est son empressement à te rejoindre, elle n’a pas dormi pendant trois jours. Lance-t-elle à côté de moi.

Je contiens ma rage et suis pressée de terminer cette mascarade. Thrym doit le sentir. Il fait apporter le marteau de Thor et les alliances pour la consécration. Enfin ! mon précieux Mojöllmir d’une main, jetant mon voile de l’autre, révélant mon vrai visage celui de Thor, sous le regard ébahis et bêta de ce stupide géant, je lui envoie mon plus bel uppercut le renversant sur une vingtaine de convives comme un jeu de quille. Prenant mes jambes à mon cou en soulevant cette « fichue » robe de mariée et dévoilant ma monstrueuse pilosité, Loki à mes côtés, nous piquons un sprint en direction de notre véhicule, démarrant dans un nuage de fumée noire vers mes chères montagnes….

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